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Le blues de la rédactrice

Ou comment, à force d’écouter, plus personne ne vous entend... Je me fais cette réflexion depuis quelques semaines. Encore une fois, la conjonction de plusieurs petites choses qui, séparément ne signifient rien de particulier, mais qui assemblées les unes aux autres, revêtent une nouvelle dimension. 

 

J’ai toujours considéré le travail de rédactrice comme un travail de l’ombre. On écoute le client, sa demande, on enregistre ses mots, son vocabulaire. Et on devient le canal qui va rédiger ce qu’il attendait. Le défi, c’est qu’il se reconnaisse dans notre texte comme si c’était lui qui l’avait écrit. Pour y arriver, on doit oublier un peu qui on est. On fait parler celui qui est en face sans pratiquement jamais parler de soi. Au fil des années, ça devient un réflexe. Quand on rencontre des amis, des collègues, et qu’ils nous demandent comment on va, ce que l’on fait, on élude, on ne sait pas quoi répondre, on a perdu l’habitude. On retourne la question pour faire parler l’autre et s’intéresser à lui. 

 

Mais parfois, à force d’oublier, on se perd un peu. Ce sont ces petits moments dans la vie où beaucoup de choses s’accumulent, pas forcément de gros problèmes mais une goutte d’eau + une goutte d’eau + une goutte d’eau... Après tout, on n’est que des êtres humains, avec nos forces mais aussi nos faiblesses. Pour vous donner une idée, un petit inventaire à la Prévert : un client qui ne sait pas ce qu’il veut, une fille qui stresse pour le brevet blanc, une voiture en bout de course, le marché de Noël de l’école, un paiement qui tarde, une voiture à acheter, des cours à préparer, des sujets de partiels à trouver, des cadeaux de Noël toujours pas achetés, une association pour laquelle il faut agir, le rendez-vous chez le kiné, une sortie en ville pour la grande, le community management des clients à planifier, les préconisations à préparer... C’est jamais terminé. 
 

"Oui pour moi aussi, c'est dur, alors arrête de te plaindre !"


Je ne me plains pas, je suis juste un peu fatiguée. Et c’est à ce moment précis que j’ai une discussion avec une enseignante qui m’explique au détour de la conversation, que les gens qui l’entourent l’ont toujours trouvée forte. Mais un jour, elle s’est écroulée. Au lieu de continuer à donner le change, elle a baissé les armes. Elle leur a montré que face à certaines épreuves, elle était fragile. Certains ont compris et ont réalisé, d’autres pas. Je ne traverse pas d’épreuves aussi graves que cette femme. Mais comme je l’ai toujours fait pour les autres, j’aimerais être écoutée, me confier pour que ce soit moins lourd à porter. C’est rare de ma part, peu de personnes me connaissent vraiment. Ces quelques personnes, ce sont celles en qui j’ai confiance. Alors quand je tente de m’exprimer et que l’on me répond qu’il ne faut pas que je me plaigne, que "oui, pour moi aussi, c’est dur...", je désespère un peu. Pourquoi lorsque j’essaie de parler de moi, on croit que c’est pour me faire plaindre alors que c’est seulement pour partager comme je le fais pour les autres ?

 

Comme Soprano, je me demande "Et moi, mes problèmes à moi, qui ça intéresse ? Mes états d’âme et mes tourments, ici personne ne veut les entendre, c’est normal, je ne reste que la... rédactrice". Alors je préfère me taire à nouveau et redevenir celle qui écoute, j’ai certainement tort. 

 

Tag(s) : #Le métier de Conceptrice Rédactrice
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