29 Mars 2016
Il y a quelque temps, j’ai rédigé un article sur la FrenchTech. L’idée était de provoquer une prise de conscience. Certains l’ont très bien compris, d’autres se sont braqués. Réaction prévisible, mais regrettable car de tels comportements nuisent au débat. Pourquoi cet article ? Parce que j’avais entendu autour de moi des remarques, des ressentis, en défaveur de la FrenchTech. Parce que pour moi comme pour tant d’autres, la FrenchTech, c’était un rêve que nous allions vivre et concrétiser ensemble, une nouvelle façon de faire. Marie-Laure Vie l’a très bien exprimé dans son article paru fin février, intitulé "Pour une FrenchTech Montpellier vertueuse, transparente et bienveillante". Voici la définition qu’elle donne : "La FrenchTech est un label communautaire, open source... Mieux vivre sur le territoire, dans les métropoles, grâce au développement économique des start-ups et à la solidarité d’un écosystème qui - tout en participant à cet élan - tisse en son sein des liens transversaux, se renforce lui-même. Cette dynamique économique territoriale d’un nouveau genre génère des effets exogènes et endogènes positifs pour chacun des participants (entreprise, individu, salarié, association, artiste, école, etc.)... La communauté est la réelle détentrice de la French Tech".
Mais presque consécutivement, paraissaient dans le Point 2 articles sur le sujet, signés Idriss J. Aberkane. Tout d’abord, l’auteur définit la FrenchTech comme un écran de fumée, de belles paroles peu suivies d’actes et financées par l’argent public. Il réitère quelques jours plus tard. En mettant l’accent sur la récupération du label par l’état. Il conclue sur ceux qui ont fait le travail de cohésion et d’animation dès les prémices de la FrenchTech. Ici à Montpellier, ce furent 3 femmes qui se sont investies, sans compter leur temps ni leur énergie : Katia Vidic, Maryam Bini et Marie-Laure Vie. Nous étions début 2014... Près de 2 ans plus tard, où en sommes-nous ?
Montpellier a inventé sa façon de faire la FrenchTech
Si l’on va sur le site national de la FrenchTech, voici ce que l’on trouve : "La Mission FrenchTech pilote l'Initiative French Tech au sein du Ministère de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique. Les partenaires fondateurs de l’initiative FrenchTech sont les Direction générale des entreprises et la Direction générale du Trésor du Ministère de l’Economie et des Finances, le Ministère des Affaires Etrangères, la Caisse des Dépôts, Bpifrance, Business France. Leurs rôles : coordonner sous la bannière French Tech leurs actions en faveur de la croissance des start-up, faire émerger et détecter les projets, accompagner les porteurs dans la construction de leur projet."
Premier décalage : les définitions de Marie-Laure et celle de la mission FrenchTech ne coïncident pas. Le champ lexical employé n’est pas le même, la philosophie non plus. Alors y en-a t-il une plus valable que l’autre ? Non bien sûr, et c’est peut être sur ce point que repose le ressenti dont j’ai fait part dans mon précédent article. Il y a une vision nationale. Mais à Montpellier, nous avons inventé notre propre approche, telle que l’a décrite Marie-Laure. C’est cette approche qui a donné envie à tous les acteurs de se fédérer autour du label, cet écosystème (qui n’est pas cité sur le site national) qui a montré son dynamisme et a ainsi contribué à l’obtention du label.
Dans un second temps, j’ai pensé qu’il serait judicieux de faire un point sur les chiffres, on m’avait reproché de ne pas avoir fait un travail de vérification dans mon premier article. Souvenons-nous, à la base, 15 millions d’euros étaient prévus dans le cadre des opérations d’attractivité internationale pour toutes les métropoles labellisées. Et 200 millions, gérés par Bpifrance, représentaient le fonds FrenchTech accélération, dont l’objectif est d’investir dans des structures d’accélération et des fonds d’investissement, qui à leur tour, allaient redistribuer cet argent aux start-ups.
Des données mais pas de chiffres précis
Dans cette enveloppe, on trouve d’une part la bourse FrenchTech pour ceux qui "envisagent ou qui viennent de créer une entreprise à réel potentiel de croissance". Le but étant de les accompagner dans la maturation du projet. "Les dépenses éligibles, internes et externes, directement liées aux études de conception, définition et faisabilité de projet à conduire dont les frais externes : frais d’accompagnement, actes de propriété intellectuelle, études de faisabilité, juridique et de marché, design, recherche de partenaires, formations spécifiques… Les frais propres (personnes physiques) : temps passé du porteur de projet, petits investissements, frais de déplacement et frais d’inscription à un salon… La prise en compte des frais propres est limitée à 50 % des frais externes sans pouvoir dépasser 8 000 €. Les frais internes (personnes morales) : frais de personnel, frais généraux forfaitaires…"
Et d’autre part le pass FrenchTech, programme destiné à soutenir les entreprises en hyper croissance, dont l’objectif est de faire gagner du temps et de la visibilité à ces entreprises par des services premium. Les témoignages citent la participation à des déplacements ministériels, l’invitation à des conférences nationales entre autres, et bien entendu un développement de la visibilité, une meilleure identification des éventuels partenaires et une accélération des échanges. Mis à part ça, pas de chiffres précis. Bien entendu, on trouve des données : combien de start-up sont parties au CES de Las Vegas par exemple, quelles start-ups ont bénéficié de tel ou tel programme. Mais pour quel montant ? A quoi a été dédié ce financement ? Encore une fois, je me retrouve avec plus de questions que de réponses. Pourtant, suite à mon premier article, j’ai sincèrement voulu démontrer à tous mes détracteurs ma volonté d’objectivité. Peut être que certains comprendront mieux ce ressenti que j’ai exprimé auparavant, partagé par ceux qui se reconnaissaient dans la première définition, cet écosystème qui a participé à l’obtention du label et qui est aujourd’hui dans l’ombre.
Agir maintenant avant qu'il ne soit trop tard
Désolée de ce long rappel pour ceux qui connaissent parfaitement les rouages mais j’ai cru bon de le préciser pour les autres. Face à ce bilan non exhaustif, que peut-on en conclure, quelles propositions mettre en avant ?
Cette liste de propositions est loin d’être complète et je vous invite tous à l’enrichir au gré de vos idées. Je suis persuadée que c’est ainsi que nous ferons avancer le débat. Il n’est peut être pas encore trop tard. Mais ne perdons pas de temps avant que la FrenchTech ne soit plus qu’une coquille vide. Et que certains en arrivent à penser "je ne suis plus FrenchTech parce que je ne m’y reconnais plus".