15 Juin 2023
Lundi 11 mai 2020 - 18h07
Nous voici arrivés dans les années 80, j’ai entre 13 et 15 ans. Et tous les soirs avant le journal télévisé, je voyais s’afficher la même info : « Untel et untel, journalistes otages au Liban depuis X jours ». A cette époque, je ne voyais pas vraiment en quoi consistait ce métier. Alors, à force de voir ces visages, j’ai voulu en savoir plus. Surtout comprendre pourquoi ils étaient partis dans un pays en guerre, au péril de leur vie, pour faire leur travail. J’en suis très vite arrivée à la conclusion suivante : ils sont partis poursuivre un idéal, informer le monde entier de ce qui se passe. Ce sont les héros d’aujourd’hui.
Moi, à 14 ans, je veux aussi poursuivre un idéal et devenir une héroïne, au péril de ma vie. C’est décidé : je serai journaliste ! Ah les années collège, qu’est-ce qu’on peut être idéaliste à cet âge…
Mercredi 13 mai 2020 - 19h
Le collège, Louise y est passée il y a quelques années et Amélie commence tout juste. Quand la grande est entrée en sixième, j’ai souhaité m’impliquer un minimum. Alors, je suis devenue parent correspondant, le lien entre les familles et la direction du collège, et, surtout, la représentante des parents aux conseils de classe.
Je me souviens précisément d’un conseil de quatrième. Il faut savoir qu’en tant que parents correspondants, on ne peut pas prendre la parole quand les enseignants passent les élèves en revue. Et là, tout à coup, j’ai face à moi une direction, des profs qui décident de l’avenir d’un gamin d’à peine 13 ans… « Il a tout juste la moyenne ? Il ne faut pas le laisser passer en troisième, mieux vaut qu’il suive une voie pro dès maintenant. Il pourrait devenir boucher, charcutier, ça recrute ! »
Et il fallait que je me taise, que je reste calme, que je ne saute pas à la gorge du directeur, que je continue de prendre des notes ? Je croyais rêver ou plutôt cauchemarder… Pour que l’établissement ait de bons résultats au brevet, des élèves allaient être « orientés » de gré ou de force.
Et voilà comment certains enfants qui rêvent de devenir cuisiniers se retrouvent en formation plomberie, comment le petit garçon qui voulait devenir pilote d’avion est dégoûté des maths à tout jamais parce que le prof a dit qu’il n’y arriverait pas, comment la petite fille qui avait envie de devenir journaliste a du mal à accepter les remarques de la prof de français.
En bref, comment le système éducatif peut imposer un métier dans lequel on ne se sentira jamais bien et empêcher de laisser se réaliser ce pourquoi on est fait.