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Nous étions insouciants...

Robert Doisneau

Robert Doisneau

Le serons-nous à nouveau un jour ? C'était un vendredi soir et j'allais me coucher, fatiguée. Tout à coup, les infos se sont bousculées. J'ai préféré fermer les yeux. J'avais trop regardé il y a 3 ans Toulouse, en janvier Charlie. Le samedi matin, j'ai regardé la réalité en face. Avec mon mari, on a demandé à la grande de ne pas trop en parler devant sa petite soeur. On a essayé de lui expliquer à la grande. Mais pour la première fois, moi qui ai toujours réponse à tout, je lui ai dit plusieurs fois "je ne sais pas".
 

Pendant ce temps-là, petite soeur ne pensait qu'à sa liste au Père Noël. Et nous les grands, comme 2 cons, on lisait les actus sur nos téléphones, tétanisés, en essayant de comprendre. Mais on ne comprenait pas. Petite soeur éclatait de rire devant ses séries préférées, ce rire, si spontané, si insouciant. Et on faisait semblant de s'intéresser à ce qu'elle regardait. 
 

J'en ai vu passer des infos sur les réseaux. Ceux qui prêchaient l'amour, ceux qui se révoltaient, ceux qui accusaient, ceux qui écrivaient. Moi, je ne voyais pas quoi écrire. Tous les mots me semblaient futiles. Il y avait aussi ceux qui disaient que l'on réalisait enfin ce qui se passe à travers le monde parce que maintenant, c'est arrivé chez nous. C'est vrai, nous étions insouciants et nous ne le sommes plus. Est-ce une raison pour nous juger ? Pourquoi n'aurait-on pas le droit d'exprimer notre souffrance ?
 

Il y a eu aussi toute une vague de messages pour clamer haut et fort que nous n'avions pas peur. Pourtant, je suis désolée, je n'ai pas peur de dire que j'ai peur. Pas de l'autre, celui que je croise dans la rue, pas de sortir, de boire un café. J'ai peur de ce qui pourrait arriver. 

- "Maman, et s'ils mettaient une bombe dans le collège ?"
- "Maman, ça peut arriver la guerre à Montpellier, les méchants, ils peuvent rentrer dans l'école ?"

 

J'ai peur que l'insouciance d'une ado de 13 ans soit fauchée en plein vol. J'ai peur que l'innocence d'une petite fille de 7 ans ne s'efface trop tôt. Vous pouvez trouver ces quelques lignes bien simplistes ou naïves, c'est votre choix. Mais quand je pense à mes filles, je pense aussi aux enfants de mes amis, aux étudiants que je rencontre et qui sont les professionnels de demain. J'ai peur pour eux. Quelle sera leur vie ? Que leur aura t-on transmis ? Nous étions insouciants mais pourront-ils l'être aussi ?
 

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