25 Juin 2010
Ceux qui me connaissent un peu disent que j'ai une très bonne mémoire. C'est vrai, je suis capable de vous citer une conversation que j'ai eue avec quelqu'un il y a plusieurs années, et ceci au mot prés. Et pourtant... Les souvenirs s'estompent, ceux de l'enfance en tous cas. Alors, j'ai décidé de les mettre par écrit avant de les laisser sombrer dans l'oubli. Je vous invite ainsi à m'accompagner au fil des publications de cette nouvelle que j'ai décidé d'intituler "Je n'ai rien oublié". Encore une référence à la chanson française me direz-vous ! En route pour un voyage dans le temps mais aussi dans d'autres lieux...
Je suis née dans le Gard, aux Salles du Gardon, village coincé entre Alès et la Grand Combe. On ne fait qu'y passer tellement c'est petit. Une église, une mairie, une école comme dans un récit de Pagnol... Tout le monde se connaissait. Il y a longtemps c'était la Grand Combe la "grande" ville où tout le monde travaillait grâce à la mine. Mais petit à petit tout s'est arrêté et c'est Alès qui a pris son envol. On habitait dans un minuscule appartement avec une seule chambre, je dormais dans un petit lit à côté de mes parents. Je revois le salon, la cuisine et surtout le couloir où je m'amusais à arracher la tapisserie pendant que ma mère était au téléphone...
A l'époque, on discutait avec les voisins d'un balcon à l'autre. Le boulanger passait tous les matins dans sa fourgonnette et les mamans sortaient acheter leur baguette en robe de chambre. On allait à l'école à pieds, elle se situait tout prés de l'atelier de mon père. J'aimais bien aller le voir, il était artisan peintre et ça sentait bon la peinture quand on entrait. Ce parfum, c'est un peu ma madeleine à moi. Il y avait des pots, des pinceaux et des rouleaux un peu partout. Au fond, un magnifique portrait de Jean Gabin qu'il avait réalisé lors de ses études à Bruxelles. Et dans un coin, son minuscule bureau. Sur la façade, il était écrit en grand "Peinture Lagorio". Son nom était aussi sur tous ses véhicules, quand on me demandait comment je m'appelais et que je répondais "Cécile Lagorio", la réponse était souvent la même "Ah, Lagorio le peintre !". J'avais l'impression d'être la fille d'une vedette...
La suite bientôt à la découverte de la Grand Combe.