22 Juillet 2014
Cher Philippe, laissez-moi vous dédier cet article. J’aurais bien aimé vous le faire relire avant publication. Mais étant donné que ce n’est pas dans vos habitudes, j’ai pensé qu’il était plus judicieux de ma part de suivre votre exemple. Avant de commencer, rappelons les faits : il y a quelque temps, j’écrivais un article sur ce blog intitulé «Communication : mensonges et trahisons». J’abordais plusieurs sujets :
Cet article avait pour unique objectif de faire réagir. Je l’ai donc envoyé au Club de la Presse pour lequel vous travaillez cher Philippe. Et vous m’avez contactée pour échanger car vous souhaitiez faire un papier sur ce sujet. Ce ne fut d’ailleurs pas facile de se parler. Et longtemps, nous avons communiqué par sms interposés tant votre agenda était chargé. D’ailleurs, quand après moult tentatives, j’ai eu le plaisir d’entendre le son de votre voix, vous me paraissiez bien occupé, déconcentré peut être par la quantité de travail que vous aviez à traiter, les coups de fil à passer ? Sachez que je vous comprends cher Philippe. Et au risque de vous étonner, je vais vous faire une confidence : mes journées aussi sont bien remplies. Alors peut être, dans le tourbillon de votre salle de rédaction, n’avez-vous pas bien pu m’écouter ? Lors de notre conversation, nous avons abordé les 3 points cités plus haut. Nous avons aussi parlé des difficultés économiques que rencontre le journalisme aujourd’hui, des nouveaux médias, des blogs et des réseaux sociaux qui bouleversent la donne. Vous savez, je suis un peu maniaque, je note tout, alors je me souviens de chaque détail ! Je me suis intéressée à vous, à votre parcours. Nous avons passé près d’une heure au téléphone, ça laisse le temps de se découvrir. Mais j’ai surtout insisté sur ma volonté d’ouverture, mon envie de débat.
Journalisme : activité consistant à recueillir, vérifier ou commenter des faits pour les porter à l'attention du public dans les médias en respectant une même déontologie
Vous comprendrez donc cher Philippe, qu’après avoir lu votre bel article, je ne pouvais rester sans réagir ? Vous avez axé votre papier sur ces journalistes qui passent «de l’autre côté». Vous avez interrogé 3 anciens journalistes et 1 professionnelle de la communication (votre dévouée). Vous avez employé un vocabulaire chargé de sens «manque de déontologie, connivence, hypocrisie, faire des ménages, raisons alimentaires». Jamais vous n’avez déformé mes propos cher Philippe, et je vous en remercie. Mais quand je lis les quelques lignes que vous avez retenues de notre entretien, je me demande si vous avez pu prendre des notes car vous citez presque mot pour mot un extrait de mon article. Si je puis me permettre, j’ai le vague sentiment que vous avez soigneusement sélectionné dans nos échanges ce qui pouvait servir vos propos. Vous n’abordez que l’exemple de l’appel d’offres remporté par une agence de presse.
Je comprends tout à fait que vous souhaitiez aborder votre sujet sous un certain angle, que l’objectivité n’est plus d’actualité, que les temps ont changé, mais ne trouvez-vous pas dommage d’amputer ainsi le débat ? Je ne veux surtout pas y voir de votre part une volonté de manipulation, rassurez-moi ? Cependant, je vous avoue qu’après lecture de votre article, je me sens réduite à vos quelques lignes et cela ne reflète ni qui je suis ni ce que j’ai voulu exprimer. Quant à votre conclusion, dois-je y voir une note de provocation ? Je vous cite : «Ce sont souvent les (ex) journalistes qui sont préférés à leurs «concurrents» par les institutions, pour leur connaissance des acteurs régionaux et des codes de la profession. Et grâce aussi à leur absence de langue de bois, sans doute...» J’adore votre humour.
Cher Philippe, ne le prenez surtout pas mal, mais vous n’avez fait qu’effleurer les vraies questions. Hélas, en agissant ainsi, vous allez en conforter plus d’un dans ses convictions : la route sera longue et semée d’embuches avant que le journalisme ne réussisse à se réinventer. Et vous ne faites aussi que m’encourager à continuer à faire bouger les choses. Enfin, il est temps de se quitter cher Philippe. Vous qui appréciez les conclusions qui donnent à réfléchir, je vous laisse méditer sur ces derniers mots «Il existe 2 sortes de journalistes, ceux qui creusent pour découvrir la vérité, et ceux qui creusent pour l’enterrer».