9 Mars 2012
Dans moins de 2 mois, le second tour des presidentielles sera passé. J'adore cette période d'effervescence qui commence. Et ce que j'aime par dessus tout, ce sont les affiches des candidats. C'est pourquoi je vous propose cette analyse, cette petite revue de campagne de communication. Un exercice que j'ai appris il y a bien des années à l'université et qui peut se révéler très intéressant... J'ai sélectionné 6 candidats, je suis désolée de ne pas tous vous les présenter mais parfois, leurs affiches sont très difficiles à trouver ! Disons que j'estime que ce sont les plus médiatisés. Par souci d'objectivité, les voici par ordre alphabétique :
Premier point : l'attitude
Le regard : il y a ceux qui vous regardent en face, ils veulent vous accrocher, établir le lien avec vous. Ils sont proches de vous, ils sont comme vous : telles sont les idées qu'ils veulent vous transmettre. Et il y a ceux qui regardent ailleurs avec 2 variantes : Jean-Luc Mélenchon est face à vous mais son regard n'est pas dirigé vers vous, il veut garder le contact mais vous montrer en même temps qu'il faut regarder plus loin, Nicolas Sarkozy est légèrement de profil et son regard porte vers l'horizon. Il veut vous prouver qu'il est tourné vers l'avenir.
Le sourire est présent pour la plupart des candidats mais il est juste esquissé, on sourit pour mettre en confiance, pour montrer son optimisme mais toujours avec retenue. On notera que ni François Hollande, ni Jean-Luc Mélenchon ne sourient, ils sont très sérieux, ils semblent vous dire l'heure est grave, ce n'est pas le moment de plaisanter.
La présentation : on réalise très vite qu'il y a 2 écoles, les "cadrés serrés" et les "plans larges". Seuls François Bayrou et Eva Joly ont opté pour cette solution. On peut remarquer qu'Eva Joly a particulièrement soigné sa présentation autant dans sa tenue décontractée que dans ses lunettes négligemment tenues à la main, cela renforce sa proximité. François Bayrou quant à lui, est plus dans la retenue. Les autres candidats ont tout centré sur leurs visages comme pour vous signifier que le reste n'est que futilité. On relèvera toutefois le côté détendu de Marine Le Pen le menton posé sur les mains pour accentuer le sentiment de proximité et d'écoute.
Deuxième point : le décor
Cet élément-là est aussi très porteur de signification. Eva Joly, François Hollande et Jean-Luc Mélenchon se présentent sans décor derrière eux (à peine esquissé pour François Hollande), cela signifie que les idées sont portées par eux, qu'ils en concentrent l'essentiel. Marine Le Pen joue sur la subtilité avec le drapeau en fondu, elle adouçit en quelque sorte l'image habituelle de son parti. Nicolas Sarkozy a quant à lui utilisé le symbole de l'horizon : un ciel bleu qui rejoint une mer calme à peine séparés par la lumière, il unit ainsi les éléments, il est fédérateur, il est le symbole d'un futur calme et serein, comme on l'a souvent lu, le capitaine qui maîtrise son bateau, grâce à cette atmosphère, il inspire confiance. Et nous terminerons par François Bayrou représenté dans ce qui semble être un bureau avec une verrière qui fait penser aux usines, entouré de classeurs et de dossiers, et avec en arrière-plan des personnes qui discutent entre elles : le symbole parfait de l'homme qui travaille, il vous dit ainsi qu'il est sur le terrain, toujours dans l'action.
Dernier point : le slogan
Le meilleur pour la fin ! Une tendance très nette se dessine pour un symbole : le pays. Commençons par François Bayrou "un pays uni, rien ne lui résiste". On remarquera 2 éléments importants : l'usage de l'indéfini et une négation en seconde partie. A première vue un peu long et nébuleux, ce slogan peut vouloir renforcer un sentiment d'union et de force et imposer l'image du candidat. Ensuite, nous avons Marine Le Pen avec "oui ! La France", le message est clair : elle vous invite à voter oui pour elle et voter pour elle, c'est choisir la France. Jean-Luc Mélenchon joue sur les mots avec "la France, la belle, la rebelle", il invite donc à opter pour une France différente, une France qui se rebelle et reconstruit ainsi l'image de son parti. Nicolas Sarkozy a lui opté pour la simplicité "la France Forte". Le concept est clair, bien formulé et on remarquera même la mélodie dans les mots choisis. C'est "la" France, elle est définie et elle est forte, c'est lui qui en est le garant. Il nous reste Eva Joly avec "le choix de l'écologie", ici on recentre le débat sur l'idéologie et on incite à voter en démontrant que c'est un choix proposé aux électeurs. Nous terminerons par François Hollande avec "le changement, c'est maintenant". Ici le candidat se définit en s'opposant. Il représente le changement et ce changement, c'est à vous électeurs de le décider maintenant. Même si l'on peut remarquer que ce slogan ne parle pas du projet du candidat, il est facile à retenir grâce à la rime !
On pourrait continuer longtemps en analysant d'autres critères mais je ne veux pas vous noyer d'informations. J'ai essayé d'être le plus objective possible et mon unique but était d'apporter un éclairage nouveau sur ces élections, basé sur la communication.
Rendez-vous le 6 mai !