21 Mai 2014
Alors, dites-moi, qu’est-ce qui vous a poussé à lire cet article ? Le titre, son style un peu racoleur ? La référence au film ? Vous vous êtes dit ça y est, des révélations croustillantes ? Si tel est le cas, ça signifie que je ne fais pas trop mal mon travail : communiquer pour donner envie. Ensuite rien n’est joué. Sur le long chemin de la communication, je n’ai fait que le premier pas. Au fil de votre lecture, je ne dois pas vous décevoir, je dois vous inciter à rester jusqu’au bout pour justifier ce titre ! Mon choix est délibéré. Les mots sont forts. J’aurais pu opter pour quelque chose de plus léger genre «la vérité est ailleurs» ou encore «la vérité si je mens» pour vous faire sourire. Mais si je veux que vous me preniez au sérieux, je ne vais pas hésiter. Oui, je vais vous parler de mensonges : «déguiser la vérité dans l’intention de tromper». Et de trahisons, synonymes de duplicité et de manipulation.
Qui manipule qui ?
L’idée de cet article m’est venue récemment. Suite à 3 évènements consécutifs : un projet que je n’ai pas décroché, une émission de télé et le post d’une amie qui se posait des questions. Et pourtant, ce n’est pas la première fois que j’écris sur le sujet. Mais je pense qu’il est temps maintenant de mettre les points sur les «i». J’en ai assez de lire, d’entendre et de voir tous ces mensonges sur la communication et je ne suis pas la seule. Mesdames et messieurs du quatrième pouvoir, nous ne sommes pas des «communicants» mais des professionnels de la communication, nuance... Sous ces termes, se cache une multitude de métiers que vous ne soupçonnez même pas. Alors quand j’ai vu cette émission sur Arte «les stratèges de la communication», j’ai été scandalisée. On nous présentait la communication sous un seul point de vue : politique. Les grands stratèges, les «communicants» étaient conseillers d’hommes de pouvoir. Et c’est ainsi que ce reportage, sous couvert de journalisme d’investigation, a réalisé son travail de manipulation auprès des téléspectateurs. Les «communicants» sont des hommes et des femmes de l’ombre, peu recommandables, encore moins fréquentables. Ils ne pensent qu’à une chose : le pouvoir, le profit aussi un peu. Ils n’ont pas de conscience, encore moins d’éthique. Stop ! Mais où est donc l’objectivité quand on présente un sujet avec un tel parti pris ? Qui manipule qui à ce moment-là ? Ce que j’ai surtout remarqué, c’est que toutes ces personnes que l’on nous présentait sont d’anciens journalistes. Alors je leur demande publiquement : seriez-vous attirés par le côté obscur de la force ? Ou est-ce tout simplement le pouvoir que vous convoitez ? Ou peut être que votre métier, qui était une vocation à vos débuts, ne vous intéresse plus ? Mais alors, où est passée votre éthique, celle-là même que vous nous reprochez si souvent de ne pas avoir ?
Qui marche sur les plate-bandes de l'autre ?
Et j’en viens naturellement au post dont je vous parlais au début. La personne en question se demandait pourquoi tant de journalistes se tournaient vers la communication alors que peu de «communicants» devenaient journalistes. Précisons qu’elle travaille dans la communication et qu’elle forme parfois des journalistes. Dans les commentaires, on en est venu à essayer de poser des définitions, le terme «communicant» apparaissant inadapté face à nos nombreux métiers. On en est arrivé aussi à penser que le journalisme, suite au contexte difficile dans lequel il se trouve, joue plutôt la carte du corporatisme, voire du protectionnisme. D’ailleurs, certains journalistes n’en sont-ils pas réduits à rédiger des communiqués et des dossiers de presse pour maintenir leurs revenus ? La personne qui avait lancé la discussion espérant une réciprocité dans ces pratiques mais nous en reparlerons plus loin... Un des commentateurs faisant alors remarquer qu’aucun journaliste n’était venu participer à l’échange, dommage. Ce qui ressortait surtout, c’est que les contours de nos univers, journalisme, communication, s’estompent. Et ceux que ça a l’air le plus de gêner, ce sont les journalistes, pas les professionnels de la communication. J’en veux pour preuve ce que j’ai vécu au Club de la presse, lors d’une soirée, un dénigrement systématique des métiers de la communication alors que ce club nous représente aussi. Autre exemple s’il en fallait, lors de la nuit de la presse, plusieurs prix sont attribués, un seul pour les «communicants». Et encore, il s’agit du meilleur communiqué de presse. Vous comprendrez certainement pourquoi je ne vais pas renouveler mon adhésion cette année... Bref, les journalistes nous reprochent souvent de piétiner leurs plate-bandes avec l’émergence des réseaux sociaux, des blogs, nous professionnels de la communication, «jouerions» aux journalistes mais sans leur fameuse déontologie. Je crois plutôt qu’ils n’ont pas compris qu’aujourd’hui, tout convergeait.
Qui fait du mélange des genres ?
Ils restent trop attachés à leurs acquis du passé. Je suis persuadée que nous sommes en manque de nouvelles définitions. Lorsque j’écrivais tout à l’heure que ma consoeur espérait une certaine réciprocité dans les pratiques (les journalistes se rabaissant à faire du travail de «communicant»), je voulais évoquer le dernier point que j’ai mentionné au début. Ce projet que je n’ai pas eu. Là, je vous avoue que j’ai encore du mal à le digérer. Je vous résume vite fait : une institution recherche des prestations en communication, et plus particulièrement en conception rédaction. Et bien c’est une agence de presse qui a décroché le marché. Jamais je n’aurais osé répondre à une demande pour des prestations journalistiques. Et bien eux, ils ne se sont pas gênés pour venir piétiner mes plate-bandes. Ce sont ces mêmes personnes qui disent haut et fort qu’il ne faut pas faire de mélange des genres. Oui aujourd’hui, les contours de nos métiers sont flous, oui, moi professionnelle de la communication, je vais peut être participer à la Médialab Session pour concevoir un média innovant. Mais là mesdames et messieurs les journalistes, vous êtes en pleine contradiction.
Il est temps d’arrêter les mensonges et les trahisons et de revendiquer haut et fort qui nous sommes. Des professionnels de la communication, notre objectif ? Donner envie, faire passer un message, construire une image, vendre un produit. Et nous ne nous en sommes jamais cachés ! Ce n’est pas plus noble ou moins noble qu’autre chose. Ce sont nos métiers et nous en sommes fiers. Nous devons prendre la parole pour qu’enfin les autres cessent de parler à notre place. Le journalisme veut jouer à «je t’aime moi non plus» avec la communication ? Et bien face à un tel comportement, officialisons le divorce. A nous de jouer, reprenons le contrôle !