27 Juin 2024
J'ai mal dormi, je me suis réveillée dans la nuit, autant me lever au lieu de tourner en rond dans mon lit. Il est à peine 6h, dans 1h30, si tout va bien, tu vas rentrer au bloc. Je déjeune, ça fait passer le temps. Jusque là, mon cœur bat normalement. 7h30, tu dois être entré en salle d'opération. Je m'occupe, je fais tout un tas de petites choses futiles, qui font défiler les minutes. Après 10h, je prends la route pour aller voir maman. Je mets ma playlist années 80. Je tombe sur Bashung, "Gaby". J'avais 8 ans, on était sur la route des vacances. Tu t'étais arrêté au milieu de nulle part parce que ce titre passait à la radio et que tu l'adorais. Il est 11h, ça doit faire 3h30 que tu es sur la table d'opération. Mon cœur bat toujours à son rythme habituel.
Là, c'est "L'italiano" de Toto Cutugno qui passe. Je l'écoute religieusement, par superstition. Même si tu n'es pas né là-bas, l'italiano, c'est un peu toi. 12h, j'arrive à la maison, ça fait bizarre d'y rentrer alors que vous n'êtes pas là. Tu m'as dit que le chirurgien m'appellerait pour me tenir informée. J'essaie de relativiser en me disant qu'il ne va pas se précipiter sur son téléphone après 5 heures d'opération, qu'il faut que je sois patiente. Un peu avant 13h, je me gare sur le parking d'un fast food, tout près de là où maman réside. Je vais déjeuner, il faut bien continuer à fonctionner. Normalement, l'opération est finie. S'il y avait eu un problème, on m'aurait déjà appelée, non ? Si seulement je pouvais arriver et dire à maman que tout s'est bien déroulé...
Mon téléphone, vite, 04 67..., c'est l'hôpital. Mon cœur s'accélère, et le tien, est-ce qu'il bat encore ? Et le mien, est-ce qu'il va s'arrêter ? "Mme Courtais, c'est moi qui ai opéré votre papa ce matin, l'opération s'est très bien passée". Vite, écrire un numéro, sur un bout de papier, sur le trottoir, celui de la réa où je pourrai appeler ce soir. Mon cœur bat plus vite, il va lui falloir du temps pour se calmer. Le tien bat toujours et c'est la plus belle des musiques.
* Titre du film réalisé par Jacques Audiard en 2005 et paroles tirées de la chanson de Jacques Dutronc "La fille du père Noël"