26 Octobre 2023
Jeudi 1er octobre 2020 - 15h31
Chez Becquet, j’étais un peu l’attraction avec mon accent du Midi. Ils se demandaient tous pourquoi j’avais voulu venir dans le Nord ! Les années se sont enchainées bien vite. Fin 2001, Louise est née et j’ai appris ce que signifiait concilier vie pro et vie perso. C’est aussi à cette époque que j’ai compris qu’en tant que jeune maman, je ne devais pas compter sur une quelconque évolution de poste.
De toute façon, Christine m’avait dit que, tant que Fabienne serait là, je resterais au même poste. Au moins, c’était clair ! J’avais 30 ans et je ne pouvais pas imaginer rester là à végéter. J’ai envoyé des candidatures spontanées, répondu à des annonces. Mais (c’est bien le cas de le dire !), j’étais cataloguée VPC. Pour les agences, je n’étais pas capable de concevoir et de rédiger autre chose que des descriptifs produits. J’aimerais bien qu’ils me lisent aujourd’hui pour leur montrer tout ce que j’ai fait depuis que je suis free-lance…
Bref, j’avais le désagréable sentiment que mes fesses se moulaient inexorablement à mon fauteuil. Ce que je retiens de ces années, c’est la vie de bureau, le travail en équipe. On se connaissait tous très bien, parfois on s’engueulait ou on s’envoyait des piques. Mais c’était un peu comme dans une famille : on vivait ensemble et on faisait des concessions pour que ça se passe bien.
On a fêté des mariages, des naissances, on s’est serré les coudes dans les moments moins joyeux. J’y ai autant appris mon métier que la vie, tout simplement. 10 ans, ça ne se résume pas en quelques lignes, je pourrais vous en parler longtemps…
Alors, je vais directement vous raconter la fin de l’histoire. En 2009, avec mon cher et tendre, on avait décidé de quitter le Nord. Le premier qui trouvait du boulot déclenchait le processus. C’est lui qui a gagné. Et c’est là que je me suis dit que c’était l’occasion de tenter l’aventure free-lance.
Amélie allait avoir 2 ans, c’était le bon moment. C’est ainsi qu’un beau jour de septembre, j’ai d’abord déjeuné avec Coco pour lui annoncer mon départ en exclusivité. Avec tout ce que l’on avait partagé ensemble, je lui devais bien ça. Elle n’a pas semblé très étonnée, un peu triste peut-être.
Ensuite, j’ai fait part de ma décision à mes 2 supérieures hiérarchiques. Je me souviens encore du plaisir que je ressentais… Elles m’ont dit après coup qu’elles pensaient que j’allais leur dire que j’avais fait le petit troisième. Mais non, voyons ! Elles par contre, elles avaient l’air surprises…
Elles devaient penser que j’allais rester chez Becquet jusqu’à ma retraite. Je jubilais intérieurement, j’allais enfin partir, démouler mes fesses de ce putain de siège ! Quand ça a été officiel, que tout le monde le savait, je me sentais si légère, comme si on m’avait retiré un poids.
A 38 ans, j’allais repartir de zéro, changer de ville, changer de vie, changer de façon de pratiquer mon métier…