12 Avril 2023
En 2016, j’écrivais un article sur la sélection dans les lycées privés de Montpellier. Depuis, beaucoup de choses ont changé. A cette époque, ma fille ainée, Louise, avait été refusée par « manque de place » à Nevers. Traduction : parce qu’on avait écouté les conseils que l’on nous avait donnés, à savoir de faire une demande dans un lycée intra-muros et une autre à l’extérieur de la ville. On a appris plus tard que les établissements recoupaient leurs fichiers et que, Nevers étant très demandé, il laissait la priorité à Saint Joseph Pierre Rouge qui était moins sollicité. Pas de problème, tout s’est bien passé pour Louise, preuve en est le chemin qu’elle a parcouru depuis, sans être passée à Nevers…
A 15 ans, on sait bien entendu ce qu'on veut faire 3 ans plus tard...
Depuis, il y a eu la réforme des lycées, il y a aussi eu un changement dans la communication des lycées privés. Pour Amélie, en 3ème aujourd’hui, on nous a clairement dit de ne faire qu’une seule demande. Au moins, cette fois, c’est assumé. Mais on fait la demande dans quel établissement ? Tout simplement dans celui qui propose les options et les enseignements de spécialité que l’élève souhaite suivre… Jusqu’en terminale. C’est bien connu, en début de 3ème, ils savent tous ce qu’ils veulent faire dans 3 ans ! Mais c’est un autre sujet. A Montpellier, seuls La Merci dans le privé et Jean Monnet dans le public proposent les enseignements de spécialité arts plastiques, et c’est ça qui passionne Amélie.
Donc on postule à La Merci, on remplit un dossier, elle rédige une lettre de motivation… Quand je pense que même mes étudiants en 2ème année ont parfois du mal à en faire une. On nous a dit aussi que ce n’était pas que les notes qui comptaient, non, non ! Que le lycée allait étudier les appréciations, les profils, etc. On nous encourage aussi à aller à la réunion d’informations et aux journées portes ouvertes. On y va bien entendu, les élèves s’y imaginent déjà, prennent leurs repères. Et quelques semaines plus tard, on reçoit la réponse. Oh là, là, « le nombre de demandes est supérieur au nombre de places ». J’ai encore vérifié, c’est faux. Les 3 lycées privés de Montpellier sont tout à fait en capacité d’accueillir les élèves de 3ème de tous les collèges privés. Je réponds au mail pour demander les critères de refus, et expliquer à Amélie. Réponse : « nous ne reviendrons pas sur la décision de refus ». C’est gentil mais ce n’était pas ma question.
T'as fait toute ta scolarité dans le privé mais, maintenant bye bye !
Bref, après tant d’années, nous allons donc quitter le privé. Vous imaginez un peu ce que peuvent ressentir ces collégiens ? « Ben écoute chérie, tu as fait toute ta scolarité dans le privé mais, maintenant, ils ne veulent plus de toi ». Génial le message, super les valeurs, la bienveillance, tout ça… Donc si je peux donner un petit conseil en communication aux lycées privés de Montpellier, la prochaine étape, c’est d’assumer complètement qu’ils ne sélectionnent que les meilleurs, l’élite. Au moins, ça évitera certaines désillusions. Et plus tôt on le saura, plus vite on pourra aller voir ailleurs.
A l’heure où j’écris, nous allons faire une demande de dérogation pour qu’Amélie puisse aller à Jean Monnet. Mais rien n’est gagné. Ce n’est pas son lycée de secteur, il faut faire un dossier avec un portfolio, des lettres de recommandation, etc, et nous ne saurons la décision que fin juin. Si, dans le pire des cas, elle n’était pas prise à Jean Monnet, il lui resterait son lycée de secteur où aucune option ni enseignement de spécialité ne l’enchante. Voilà où on en est aujourd’hui, beaucoup de choses ont changé… Mais en pire. Alors si vos enfants sont déjà dans le privé ou si vous souhaitez les inscrire dans un collège privé de Montpellier, réfléchissez bien : est-ce que ça vaut vraiment la peine d’encourager un tel système ?