27 Juin 2020
Ce sera la première fois en 30 ans, depuis que j'ai le droit de vote. Je suis tout à fait consciente de ce que cela implique. Je vais perdre le droit de contester la politique et les décisions qui seront prises pour ma ville. Je sais qu'il y a des hommes, et des femmes, qui se sont battus pour que je puisse voter.
Mais je sais aussi que le 15 mars, lors du premier tour, j'ai pris des risques, et j'en ai fait courir à mes proches. On ne cesse d'entendre que le virus circule toujours, qu'il faut rester prudent. Respecter la distanciation sociale, les geste barrières. Hier matin, j'ai fait une longue balade à pied pour revoir Montpellier.
Partout où je suis passée, la Comédie, la place Jean Jaurès, la Préfecture, la place de la Canourgue, je n'ai vu que des tables de café aussi serrées les unes aux autres qu'avant. C'est dommage, je me serais bien installée en terrasse pour faire une pause et faire travailler ces commerces. J'ai croisé du monde aussi, beaucoup de monde et souvent à moins d'un mètre.
En début de semaine, je promenais aux Beaux Arts. Une équipe de l'un des candidats m'a demandé si j'allais voter. J'ai dit "non". On m'a répondu "vous avez peur". Non, je n'ai pas peur. J'ai seulement envie d'aller voir ma famille d'ici quelque temps sans leur ramener un cadeau empoisonné.
Ceux et celles qui se sont battus il y a si longtemps pour qu'aujourd'hui je puisse voter l'ont fait pour que chaque voix compte. Pas pour répondre à des enjeux politiques qui oublient bien vite les questions essentielles de santé. Ces mêmes questions qui étaient sur toutes les lèvres il y a juste quelques semaines.
J'en assume toutes les conséquences. Je sais que je serai critiquée, attaquée. Mais je le clame haut et fort. Demain, je n'irai pas voter.