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Je suis un gilet jaune

Je suis un gilet jaune

Et pourtant, je n’arbore pas ce fameux gilet sur le tableau de bord de ma voiture, et pourtant, je ne suis jamais allée bloquer de rond-point. Mais hier, j’ai entraperçu ce mouvement sous un autre regard. Hier, j’étais en rendez-vous à Alès et, à chaque rond-point où je suis passée, il y avait quelques gilets jaunes. Je les ai observés, j’avais le temps, ils nous ralentissaient. Il y avait des jeunes, des gens de mon âge, des moins jeunes certainement retraités. Ils n’étaient pas très nombreux mais ils étaient là. Arrivée en rendez-vous, on en a discuté un peu. Les avis se rejoignaient : c’était "bon enfant", il n’y a jamais eu d’agressivité, plutôt une grande solidarité. Et ils avaient tout de même un peu de recul, étant donné qu’à Alès, les gilets jaunes sont mobilisés depuis mi-novembre. 

Ici à Montpellier, il y a eu des choses graves qui se sont passées, cette personne en voiture qui a foncé sur des gilets jaunes au rond-point de Près d’Arènes. A Paris, je n’ose même pas y penser tellement ça m’a choquée. Mais je crois que le plus important, comme souvent, c’est de ne pas généraliser. Hier soir quand je suis rentrée, j’ai consulté Facebook et je suis tombée sur des posts où la haine des gilets jaunes s’exprime haut et fort : "ils nous empêchent de travailler, quand est-ce qu’ils vont retourner bosser etc". Je vous épargne les phrases au langage plus fleuri…

Je ne suis qu'un gilet jaune parmi tant d'autres...

En fait, quand j’y repense, hier, aux ronds-points d’Alès, je me suis vue moi, j’ai vu mes parents. Ce que je veux dire par là, c’est que ce mouvement est tellement inédit, de par la forme et le fond, qu’il rassemble des personnes très différentes, que l’on ne peut pas le définir. Et ça, c’est dérangeant, parce qu’on aime bien résumer en se basant sur ce que l’on connait déjà. Je me suis vue moi à une autre époque : quand je devais prendre la voiture pour aller travailler. Quand on avait un véhicule chacun parce qu’on ne pouvait pas faire autrement. Aujourd’hui, pour nous, c’est différent et j’en mesure la chance. J’ai vu mes parents qui peinent à terminer les mois avec leur maigre retraite d’artisan.

Alors, oui, les gilets jaunes, je les comprends. Parce qu’ils représentent, à un moment précis, une photographie d’un pays. Et surtout parce qu’ils dérangent : ils remettent en question tant de choses. En général, personne n’aime se remettre en question. Vous allez peut être me dire et l’écologie dans tout ça, tout a commencé par ça ? Et bien je vous répondrai que comme le petit colibri, ces gilets jaunes font certainement déjà leur part, une petite goutte d’eau dans l’océan mais chaque goutte compte. De mon côté aussi, je suis un petit colibri, à ma petite échelle, avec mes petits moyens, modestement.


Jusqu’où ce mouvement va t-il aller ? A quoi va t-il aboutir de concret ? Je n’en ai aucune idée. Mais en attendant, je vous invite à vous poser la question : et vous, n’avez-vous jamais été un gilet jaune à un moment ou à un autre de votre vie ?

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