9 Mars 2016
J’ai grandi dans un petit village où on ne se posait pas la question de savoir si on allait dans le privé ou dans le public. On allait à l’école, un point c’est tout. Ce n’est qu’au lycée que j’ai découvert que certains venaient de collèges privés. Mais à cette époque dans ma petite ville, cela ne faisait pas beaucoup de différence.
Quand ma grande a été en âge d’entrer à l’école, avec mon mari, on a beaucoup discuté du sujet : public ou privé ? Il faut savoir que lui avait fait toute sa scolarité dans le privé avec ses 4 frères et soeurs. A une époque où les frais de scolarité étaient calculés selon les revenus de la famille, donc le privé était accessible au plus grand nombre... Bref, je me suis dit pourquoi pas ? Découvrons cet univers. Et je n’ai pas été déçue. Louise a commencé dans une école à taille humaine, où elle a appris des valeurs qui nous sont chères : vivre ensemble, être solidaires les uns des autres, respecter son prochain... L’enseignement religieux n’était pas imposé : les enfants d’autres religions ou athées avaient d’autres activités pendant que ceux qui le souhaitaient allaient au catéchisme. Chaque enfant avait sa place, les enseignants accordaient beaucoup d’attention à déceler les difficultés et à encourager les élèves à progresser. Très vite, j’ai été conquise par cet état d’esprit. Alors quelques années plus tard, quand nous avons décidé de partir à Montpellier, il était évident pour nous de continuer dans le privé, surtout que petite soeur allait bientôt rentrer à l’école. Ca a même été la première chose qu’on a faite avant de trouver un appart ou une nounou : inscrire la grande à l’école. Là, nous avons retrouvé la même philosophie que nous avions connue dans le Nord. Sauf que c’était 2 fois plus grand et qu’il y avait 2 fois plus d’élèves ! Mais malgré ça, une école à taille humaine, où les enseignants mettent tout en oeuvre pour que les élèves s’épanouissent.
Quelques petits détails...
Et puis le collège est arrivé bien vite... Un grand changement mais dans une certaine continuité, une équipe pédagogique toujours attentionnée et à l’écoute. Pendant toutes ces années, j’ai essayé de m’investir, d’apporter ma modeste contribution. Par exemple, au collège, c’est en étant parent correspondant : le lien entre les familles et les enseignants au moment des conseils de classe. Il y a eu quelques petits détails qui ont commencé à m’alerter en 4ème : des élèves qui avaient des moyennes un peu limites étaient encouragés à aller en filière professionnelle dès la 3ème. L’explication donnée était la suivante : pourquoi leur faire faire une 3ème classique alors qu’on sait déjà qu’ils n’ont pas le niveau pour poursuivre au lycée ? Et le redoublement alors ? Ce ne serait pas une seconde chance pour un élève qui traverse peut être une période difficile ? Et c’est ainsi que l’on considère la voie professionnelle ? Mais en tant que parent correspondant, nous ne sommes que témoins, nous ne pouvons pas nous exprimer sur ces points.
C'est le lycée qui choisit l'élève
Toutefois, ça m’agaçait un peu d’entendre ça et j’en arrivais à penser que le collège "évacuait" les moins bons élèves pour se garantir de bons résultats au brevet et de bons scores dans les classements de la région, encore ma parano qui me reprenait peut être ? Et puis, voici la rentrée en 3ème. Il faut déjà penser au lycée alors que l’année a à peine commencé. Fort heureusement, le collège organise une réunion où sont présents les directeurs des différents lycées privés de Montpellier et de la région, afin de nous expliquer, de nous guider, j’ai presque envie d’écrire pour faire le bon choix, mais vous allez vite comprendre que je ne peux pas... Il faut savoir qu’à Montpellier, il y a 2 lycées privés intra-muros : Nevers et La Merci et un lycée privé en dehors de la ville. Il faut aussi savoir que dans ces 3 lycées, il y a assez de place pour accueillir tous les élèves venant de collèges privés. Mais, contrairement à l’école ou au collège, ce ne sont pas l’élève et sa famille qui choisissent le lycée, c’est le lycée qui choisit ou pas l’élève. Et là, on comprend que les critères de sélection sont plutôt aléatoires.
Une ligne directrice ?
On découvre, par exemple, que si l’élève a choisi l’option chinois dès la 6ème, ce n’est pas la peine qu’il fasse une demande à Nevers, l’option n’y est pas enseignée. C’est à La Merci qu’il doit aller. Le collège n’aurait-il pas pu informer les familles lors de ce choix ? Vous réalisez ? Une décision en 6ème qui détermine la seconde sans que personne n’en soit conscient. Et l’élève, s’il ne veut plus faire chinois en seconde, c’est son droit non ? Mais malgré ça, ça lui fermerait des portes ? Autant vous dire que les questions fusaient lors de cette réunion et que l’ambiance était électrique. Les interrogations des parents recevaient des réponses évasives. Bon on veut quand même comprendre et avancer. Quels sont ensuite les critères de sélection, de façon générale ? Ce à quoi on nous répond enfin les notes et les appréciations. Donc, il y a quand même une ligne directrice. Et si l’élève reçoit un refus, est-il motivé ? Non, il sera juste mentionné "manque de place". Aucun détail ? Mais comment expliquer ensuite le pourquoi à son enfant ? Autant vous dire qu’on sort de ce genre de réunion plutôt énervé...
"Manque de place"
Alors en tant que parents, on s’applique ensuite à suivre la procédure. On dépose des dossiers de pré-inscription en respectant les conseils qu’on nous a donnés : 1 en ville, 1 hors Montpellier au maximum, pas 2 demandes intra-muros. Et c’est ainsi que des familles se retrouvent dans des situations totalement absurdes. Des élèves avec de bonnes moyennes (15 minimum), d’excellentes appréciations et récompenses sont refusés par "manque de place" alors que d’autres sont acceptés. Pourquoi ? A partir de là, on peut tout supposer. En ne donnant aucune réponse précise, ces lycées se rendent responsables des rumeurs qu’ils génèrent. C’est peut être pour garder leur place dans le classement, c’est peut être parce qu’un fils ou une fille de (complétez comme vous le souhaitez) peut compter sur le prestige de son nom pour entrer malgré des notes qui laissent à désirer, c’est peut être parce que papa ou maman connaissent untel au lycée, c’est peut être parce que le lycée privé n’a plus rien à voir avec la philosophie de départ, parce qu’on est dans une logique d’objectif, d’élitisme ? Tous ces "peut être" sont confortés par les échanges entre parents, on recoupe les informations, on en tire des conclusions et ces "peut être" se transforment en certitudes vérifiées...
Dans tous les cas, ces 2 lycées de Montpellier sont à des années lumière des valeurs que j’ai décrites au début de cet article. Ils n’ont aucun respect du choix et de l’engagement que les familles ont fait dès l’entrée à l’école. Leur réputation est basée sur des données faussées. Si j’ai voulu écrire cet article, ce n’est pas par amertume. Ma fille va pouvoir aller dans le lycée qu’elle souhaitait. Mais c’est pour dénoncer haut et fort ce que ressentent bon nombre de parents que je côtoie et qui ne l’expriment pas. Peut être aussi pour lever le voile sur un sujet qui doit rester tabou pour ne pas ternir l'image. J’espère qu’il vous aura servi à vous, parents de collégiens, et j’espère aussi qu’il fera un peu bouger les choses. En tous les cas, comptez sur moi pour montrer le vrai visage des lycées privés de Montpellier au plus grand nombre.