16 Février 2015
Vous l’aurez deviné, encore une fois, j’ai besoin de tordre le cou aux idées toutes faites sur l’auto-entrepreneuriat. Pourquoi ? Parce que j’en ai assez d’entendre toujours les mêmes arguments erronés. Parce que ça va faire 5 ans que je suis auto-entrepreneur et que je le serai aussi longtemps que je le pourrai. Cette nouvelle vague de critiques sur le statut date de l’automne avec la fameuse CFE dont nous sommes désormais redevables à partir d’un certain nombre d’années d’activités ou d’un minimum de chiffre d’affaires. Il faut rappeler que 41% des auto-entrepreneurs exercent leur activité à leur domicile ou dans des espaces de co-working. Et il faut se souvenir aussi que la CFE représente en quelque sorte la "taxe d’habitation" des entreprises. Par conséquent, un auto-entrepreneur travaillant chez lui paie 2 fois le même impôt. De plus, alors que nos cotisations sont calculées proportionnellement selon notre chiffre d’affaires, cette CFE que l’on nous impose est forfaitaire. C’est donc totalement contradictoire avec le concept même de notre statut. Voici la réponse que je donne à ceux que j’ai entendu dire "il faut bien que vous aussi vous participiez, il n’y a pas que les vraies entreprises qui doivent payer". Pourquoi pas mais alors dans les mêmes conditions que vous : proportionnellement. Enfin, si on vous avait imposé un nouvel impôt, comment auriez-vous réagi ? Vous auriez accepté bien sagement ?
Et je vais rebondir tout de suite sur cette fameuse image qui nous colle à la peau "nous ne sommes pas de vraies entreprises". Pourquoi ? Parce que nous n’embauchons pas ? Alors tous ceux qui sont en EIRL qui le pourraient et qui ne le font pas ne sont pas non plus de vraies entreprises ? Parce que nous ne payons pas les mêmes charges que les autres ? Nous payons différemment, au fur et à mesure, c’est ça qui vous gêne ? Rassurez-vous, nous sommes moins bien couverts que vous, nous en sommes conscients et nous l’assumons. Parce que d’après vous, notre travail n’est qu’une activité d’appoint ? Tout juste bonne pour les étudiants ou les retraités qui veulent compléter leurs revenus ? Nous sommes 75% à exercer en activité principale, ça ne vous semble pas significatif comme chiffre ? Parce que nous sommes des "gagne-petit" à cause du plafond de chiffre d’affaires ? Avez-vous déjà fait le calcul ? Nous avons une limite de 32900 euros par an dans les services, auxquels vous retirez environ 25% de charges et divisez par 12 pour parvenir à notre revenu mensuel moyen. Tout en sachant que l’on peut compléter par exemple avec du portage salarial. J’ai des amis qui gagnent moins sous d’autres statuts. Parce que nous n’avons pas d’ambition ni de vision à long terme ? Relisez le début de cet article, ça va faire 5 ans que je suis auto-entrepreneur et je ne suis pas la seule à avoir autant d’ancienneté. Vous pensez que je serais encore là si je n’avais ni ambition ni vision à long terme ?
On dérange l'ordre établi...
Si ce n’était pas un vrai statut, vous pouvez m’expliquer pourquoi près d‘1 million de personnes l’ont adopté ? J’ai aussi entendu "oui, mais tu ne peux pas déduire tes frais, tu ne peux pas récupérer la TVA, c’est un handicap". Concernant la déduction des frais, sachez que nous bénéficions d’un abattement forfaitaire de 34% dans les activités de services. Personnellement, ça couvre largement mes déplacements, mes achats etc ce qui est en lien aussi avec la TVA. D’ailleurs le fait de ne pas la facturer m’a permis de décrocher des marchés. Et oui, certaines institutions ne peuvent pas la récupérer.
Alors pourquoi continuer à s’attaquer à nous comme si nous étions responsables des maux de tous les autres ? Nous n’avons jamais rien demandé ni réclamé. Pourquoi nous jalouser alors que nous avons nous aussi des contraintes que nous assumons et que nos détracteurs n’hésitent pas à souligner d’ailleurs ? Nous, auto-entrepreneurs, n’avons jamais critiqué les autres statuts. Je persiste à penser que l’auto-entrepreneuriat représente l’avenir. Parce qu’il est le seul statut permettant de se lancer à partir de rien. Il donne sa chance à chacun. Vous savez, un peu comme dans la notion "d’american dream", cette idée selon laquelle n’importe qui peut réussir à force de volonté. Mais il est vrai que ce n’est pas très français comme logique et c’est bien dommage. Le plus important, je pense, est de se sentir bien dans son statut. Nous nous y sentons bien, nous respectons les autres. Nous voulons continuer, ce statut, c’est notre état d’esprit alors merci de nous respecter aussi et de nous laisser travailler en paix.
Sources : Acoss décembre 2014
Etudes Insee
Article : "Un prix va récompenser les auto-entrepreneurs audacieux"